A l'eau ...
La conjonction de trois phénomènes a eu un effet bénéfique sur le carré de nature qui me sert de jardin. Tout d’abord, les beaux jours dont nous dote la météo depuis quelques temps qui ont ravivé, en même temps que la pousse du gazon, la haine que j’éprouve pour tout ce qui pourrait m’empêcher de glander en plein air au sortir de ma maison … et justement le gazon fait partie de ce « tout ». Les fidèles d’entre vous savent que je mène une guerre sans merci contre les travaux de jardinage stupides, répétitifs et pour tout dire un peu vains puisque plus on les pratique avec attention, plus la fréquence de cette pratique a tendance à s’accroître. Vous aurez deviné que je place la tonte et l’entretien du gazon dans ce type de travaux. Ensuite la production d’une œuvre faite de sculptures en grès supportant les intempéries extérieures et la mine de madame lorsqu’elle me voit poser la dite production sur ses meubles extrêmement exposés à la moindre rayure, m’obligent à trouver à mes personnages un cadre digne d’eux et où ils seront les bienvenus. Enfin, la venue en ce week-end pascal de deux de mes trois artistes/concepteurs/artisans habituels (j’ai nommé Fafa et Nico) dans ma modeste demeure a précipité le mouvement. Le premier mouvement auquel a également participé le 3ème larron (Cyril) a été de déterminer l’endroit du futur « plan d’eau », puis son contour et enfin la « forme » de l’arrivée de l’eau. Lorsque tout le monde a été d’accord, le lancement des travaux a pu avoir lieu. C’est Fafa qui s’y est collé (faut dire que c’était le seul en vacances à ce moment-là). Il s’est tapé tout seul les travaux de creusement. Chez moi, passé la couche sympa sur laquelle s’ancre cette saloperie de gazon, c’est de la glaise. La glaise, c’est ce machin hyper lourd et collant en hiver lorsque c’est détrempé qui vire tendance béton lorsque l’été arrive et que l’eau se fait rare.
Voilà le résultat.
Ensuite, avec l’aide de mes experts, la liste des composants a été dressée : la bâche, très importante, le matériel électrique, la pompe, le filtre avec sa lampe UV tueuse d’algues parasites, la pouzzolane (C’est un gravier issu d’une roche naturelle possédant une texture scoriacée, alvéolaire de couleur rouge ou noir) et les premiers végétaux qui, avec la pouzzolane feront office de filtre naturel.
Avant le filtre naturel composé de gravier de pouzzolane et d'iris aquatiques il y a le filtre avec son HLM à bactéries et son néon UVInstallation de la bâche et de l’arrivée de l’eau.
Installation de la pompe et mise en eau.
Quelques ajustements sont nécessaires et le plus long et le plus délicat, c'est la chute d'eau qui va procurer cette musique délassante
Et voilà. Avant de pouvoir introduire les poissons, pose des plantes qui vont enrichir le bassin esthétiquement et organiquement. Outre les nénuphars posés dans le fond du bassin, sur les différents "balcons" que m'ont aménagé mes deux paysagistes, j'ai mis un scirpus cernuus - genre d'herbe avec, à son extrémité une minuscule fleur blanche -, un juncus effusus spiralis - sorte de jonc avec des brins torsadés et vrillés très curieuse et très jolie plante -, un cyperus alternifolius - de la famille des papyrus -, un acorus gramineus - en français acore strié avec de longues feuilles vertes et jaunes -, un oenanthe fistulosa "flamingo" - très séduisante plante malgré son nom, elle donne des petit bouquets de fleurs roses - un cotula coronopifolia - un genre de bouton d'or aquatique - et un pied de mentha pulegium - une menthe aquatique qui sent aussi bon que la menthe terrestre. Mes personnages en grès ont trouvé leur place parmi ces plantations.
Résultat encore provisoire. On va faire une petite pause financière avant de continuer les opérations .
Je venais de terminer l'installation des plantes et de mes personnages, et je suis resté une bonne heure, assis sur mon banc, face à cet étang miniature, silencieux, à contempler ce spectacle. Au-dessus de moi, le lilas embaumait l'atmosphère; les voisins étaient absents et le seul bruit provenait du chant de la petite cascade. J'ai regardé les bulles se former et éclater un peu plus loin; je me suis même surpris à imaginer une course entre elles et à parier avec moi-même sur celle qui irait le plus loin; j'ai eu assez de cruauté pour admirer la lente agonie d'un insecte qui, pris au piège de l'onde, essayait de survivre; j'ai suivi l'effort de la feuille de nénuphar pour se hisser à la surface; j'ai vainement espéré voir bouger mes personnages (d'ailleurs, à un moment, je me demande si ...).Quel calme, quelle zenitude comme dirait Ségolène. La vie est bien belle parfois ... pourvu que ça dure.