Les ponts de Paris: Le Pont Mirabeau
Comme le pont Alexandre III, le pont Mirabeau est un chef d'œuvre de technique et d'élégance architecturale. Il fut construit entre 1893 et 1896 pour relier directement les quartiers d'Auteuil et de Passy, rive droite, avec ceux de Javel et de Grenelle, rive gauche.
Conçu par l'ingénieur Rabel responsable des ponts de Paris, assisté des ingénieurs Résal et Alby, c'est le premier pont métallique en arcs à culasses, composé de deux ossatures symétriques qui, en s'arc-boutant, donnent à la structure son équilibre. Le pont comprend une arche centrale de 93 mètres encadrée de 2 arches de 32.4 mètres de portée. Malgré son abaissement extrême au niveau des quais, il offre un espace suffisant au passage des péniches.
Quatre colossales figures en bronze, représentant des divinités de la mer assises en amazone (Jean-Antoine Injalbert) ornent les fondements en maçonnerie qui s'enfoncent à 16 mètres sous le niveau de la Seine. Les piles sont recouvertes de granit de Cherbourg et de pierre calcaire.
L'allégorie du Génie du commerce soufflant dans une trompette dorée, et tenant de sa main droite une rame-gouvernail occupe la rive gauche.
En poupe, la Navigation, nue, tient un harpon au moyen de cordages enroulés sur son bras gauche.
La Ville de Paris occupe la rive opposée.
En poupe, l'Abondance, nue, maintient le cap en serrant son gouvernail et en brandissant un flambeau à la flamme dorée.
Le pont Mirabeau, qui offre une belle vue sur le Front de la Seine et la Tour Eiffel, a inspiré à Guillaume Apollinaire l'un de ses plus beaux poèmes :
Le Pont Mirabeau
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure.
G.APOLLINAIRE